Sous un ciel gris et bas, je retrouve ma ville.
Je retrouve... Je ne sais pas si aujourd'hui encore, je suis capable de "retrouver" ma ville. De "retrouver" le théâtre d'ici et ces gens qui le font. Je ne sais pas. Si j'ai encore envie de "retrouver"...
Comme un enfant qui préfère rester loin de cette réalité qu'il découvre et qui ne colle pas ! Comment peut-il "retrouver" celui qu'il appelait "père" quand ce dernier a fini de perdre les dernières écailles de sa peinture cloquée, quand ce que l'enfant découvre avec ses nouveaux yeux de quelques centimètres plus grand que lui, est la bêtise et la laideur !
Et ce rythlme qui aveugle, et ce bruit qui endort, et toutes leurs armes qui brouillent les visages, maintenant qu'il est loin, maintenant qu'il se réveille au chant des oiseaux, maintenant qu'il découvre dans le silence ce petit enfant qui avance et lui demande son chemin avec les mots simples de ceux qui n'ont rien à prouver, comment peut-il revenir et "retrouver".
Et lui-même ! Lui qui là-bas est devenu un homme, ici aussi on lui demande de se "retrouver". De remettre ce même costume Kenzo. Noir le costume ! C'est qu'il fait partie des gens du théâtre quand même ! Ce costume qu'il a déchiré le premier jour, à la première heure en arrivant ici, en essayant de se faire un feu pour réchauffer ce corps qui ne connaissait pas le froid.
Alors, on se réveille un samedi matin sous une chape de bêton et la tête pâteuse comme quelqu'un qui aurait noyé ses nerfs au whysky ... et on a honte. Honte de voir qu'ici, on serait capable de "retrouver" ce dont la vie nous a défait, quoi qu'il en coûte. Oui, ce matin j'ai honte !
Parce que je n'ai pas su leur dire : "Pourquoi me parles-tu de demain, d'hier, d'après, d'avant. C'est ici que nous sommes. Juste là. N'avons-nous donc plus rien à nous dire ?" Parce que j'ai vendu l'âme de mon jeune guerrier à ceux-là qui ne sauront jamais l'entendre tant qu'ils ne l'auront pas vu sur la scène du Théâtre de l'Odéon. Parce que je me suis justifié, le coeur battant, blessé par des mots et des idées que je ne connais plus. Alors oui, j'ai honte !... enfin, non, ce n'est pas vrai. Je n'ai pas honte, mais j'ai dans le coeur cette tâche empreinte de gravité.
Alors ce matin, en attendant qu'ils se lèvent, je me remémore qui je suis. Je ramasse mes morceaux balancés là par terre, je les remets droits, leur enlève les traces de gerbe et de crachat et frotte. Et je les regarde. Chacun après l'autre. Je prends le temps de les retrouver. Et je demande pardon. Oui, pardon à chacun.
Le chemin est long qui mène à être au dehors ce qu'on souhaite être au dedans. Mais il se fait. Il suffit de reprendre la marche. De relever le nez et de regarder tout autour les milliers d'horizons encore ouverts et qui appellent. De remplir sa gourde d'eau fraiche et de reprendre le chemin.
Un jour, un jour, nous ne retrouverons vraiment. Parce qu'alors, je n'aurais plus besoin de vous dire, vous expliquer. De me dire, de m'expliquer... Nous nous retrouverons autour de cette table et nos yeux se raconteront des histoires que les langues ne savent plus dire. Et nos chairs vibreront ensemble. Juste ensemble, là.
Bonne journée les loups ! et vous aussi mes agneaux...
Vous me manquez !
07 mars 2009
Etrange humain...
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Stupéfiant !
RépondreSupprimerC'est agréable.
Continues de respirer
comme tu nous aères la tête.
Antoine-Baptiste.
Aaah...Voila une journée ensoleillé et passé a faire du ménage tout en écoutant Thomas Fersen.
RépondreSupprimerGarde courage monsieur le Magicien d'Oz ;(D
Gael