06 octobre 2012

Amorcer la descente ! ou le retour sur scène ;)

Lever de soleil sur la banlieue parisienne...Et à nouveau la peau marquée au feu de l'égo. Revenir, redescendre, naître à nouveau, perdre encore, rester là ! Sentir la matière recoller les limites, une à une. Avoir faim, avoir peur, avoir soif. Mais pour la première fois, rester en même temps spectateur et pouvoir rire des codes fixés à l'or noir au fond de chacune de nos cellules.Je reviens d'un long voyage. Je reviens de la mort. Mais pas d'une mort glaciale et triste, non, de la mort vraie. Celle qui ouvre la porte à l'au delà. Celle qui vous propulse dans la dimension du bonheur sans limites, sans concessions. Celle qui décuple votre compréhension et la force de l'amour. Oui, la force de l'amour !Combien de vies, combien de gens, combien d'amour il aura fallu pour qu'un petit rien tel que moi puisse traverser les portes de l'illusion ? Je ne sais pas ! Sûrement bien plus qu'aucun instrument de mesure ne pourrait le dire. Sûrement bien plus que toutes les étoiles accrochées dans nos cieux de papier.Quel cadeau. Terrible et sublime. D'un côté, les autres, ceux avec qui vous avez passé votre vie à construire l'autel de votre personne et qui ne peuvent supporter de lâcher la moindre de vos lettres. De l'autre, l'autre, celui qui nous habite tous et qui parle d'une seule voix parmi tous les êtres et le vivant. Lui qui explose d'un seul élan toutes les limites. "Je" n'existe pas ! "Je" parle vos mots. "Je" pense vos pensées. "Je" est un agrégat formé de souvenirs et de peurs. "Nous" n'a pas de notions, ni de temps, ni d'espace. "Nous" est. Un point c'est tout ! Dans l'instant, il est. Partout, il est. Il ne pose pas la question, il est. Il aime. Chaque éclat de vie qui illumine l'espace. Et chaque éclat est nécessaire. Herbe comme moustique.Un jour, très bientôt, "nous" sera visible par chacun. Et chacun ne sera plus. Sauf pour rire. Sauf pour jouer. Notre vie, notre culture, nos sociétés, la nourriture, l'eau, les maisons, les voitures : un jeu ! Une grande scène où "Nous", en bon parent, nous laisse jouer. À la vie et à la mort. Comme au théâtre ! Quels acteurs magnifiques nous sommes ! Quelle beauté dans cette enfance qui court en tous sens. Si vous pouviez vous voir dans "Nos" yeux ! Les larmes perleraient de toutes vos cellules. Et vous remercieriez le ciel de nous avoir fait si ignorants ! Et de nous avoir laissé la place d'être ces immenses artistes. Le jeu ne connait pas de limites. Le rêve non plus. Les mots sont nos briques. Et nous sommes au moment où l'édifice est sur le point de nous ouvrir grand "notre" vérité. Celle qui me fait fou aujourd'hui et eux handicapés. Celle qui se passe de mots, du va et vient du souffle, de l'air, de la lumière...I'm Back !

10 septembre 2012

Deuxième réponse à Chaterley... Et certainement pas la dernière !

Réponse de Chaterley au message Être père (suite)... Devenir bodhisattva.

Et comme d'habitude ma réponse à la suite

 

"diverses remarques sur ton dernier texte

il n'y a pas de vrai route... Ça serait quoi une vraie route?

La mort est peut-être une porte,

sûre elle est un point final à la vie singulière d'un être humain.

La vie humaine est peut-être rien, vu d'ailleurs mais elle est vue d'ici comme une constellation unique... Elle est une trajectoire d'un système complexe engendré, entre naissance et mort, parsemée d'évènements d'être, de transmissions de créations, de points d'arrêts, de relances... petite constellation singulière qui fait advenir des éléments existentiels pour soi et les autres. Et même si c'est comme une étoile filante dans le temps de l'univers, pour nous humbles humains c'est intégré à notre univers existentiel comme des perles uniques qui participent de nos trajectoires vivantes.

Le "prêt à finir sur la croix", me hérisse... métonymie christique, moment humain historique d'un renfermement du temps..; vous attendiez celui laisse l'attente ouverte : avec moi, sur la croix, c'est fini...Je suis le sauveur.... tentative d'écraser le symbole du "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'ouverture", de la trouvaille, du temps, des problèmes qui vont avec mais qu'il faut surmonter de façon vivante pour soi et les autres.

Le bien et le mal existent , mais pas comme substance mais comme évènements avec lesquels nous devons dialoguer. Ce n'est pas la même chose... une bonne parole est une bénédiction... une malédiction est une parole mal dite. Cela va faire évènement qui fait mal.

Lesquelles de limites n'existent pas...?

un bord de route, suivie d'une profonde rigole, suivi d'un champs ou d'une forêt sont des entre-deux, des limites... l'horizon est une limite entre le ciel et la Terre ou la Mer perçue par quelqu'un qui porte son regard au loin. Même si cette démarcation est un effet c'est un code partagé par les humains qui aiment à regarder là où le ciel disparaît caché par le paysage terrestre.

Dans tes 5 lois... il en manque 5 :-)

chaque loi est aussi valable pour le sujet qui les prend en compte... donc te ne te tueras pas, tu ne te voleras pas, tu tenteras de ne pas te mentir à toi même,

si chaque mot proféré prend vie, en tout cas affecte ceux qui le reçoivent et ceux qui l'entendent, alors à mon avis il faut aussi un peu de tolérance pour soi et pour les autres. Ton envie d'imposer est peut-être une trouvaille momentanée pour surmonter et échapper à des points douloureux.. Si tu veux transmettre des forces existentielles, vivantes pour t'aider à dépasser tes peurs, ce ne devrait pas être en même temps obligés les autres à faire immédiatement le même chemin."

Chaterley

 

Ce qui est vrai... Ce qui est vrai est ce qui existe réellement. Mais il faut bien comprendre que la réalité est loin d'être la même pour tous. Elle dépend de votre bassin d'éducation, de votre culture, de votre travail sur vous-même, de votre humeur. N'avez-vous jamais remarqué que, suivant votre humeur, une tomate peut sembler excellente au point que vous prenez conscience qu'avant ce jour, vous n'en aviez peut-être jamais vraiment mangé.

Deux hommes avancent sur le même trottoir et font la même route. Un est préoccupé, l'autre est heureux. Il vient de rencontrer une femme qui lui fait penser que sa vie va pouvoir enfin prendre un nouveau cap. Ils croisent un lapin qui traverse la rue et entre par la lucarne d'un appartement. Le premier en arrivant chez lui répond à sa femme qui lui demande comment était sa journée : "Comme d'habitude ! Rien d'intéressant. Et je ne sais toujours pas comment nous allons pouvoir payer nos factures. Je suis si fatigué." Le second, en arrivant chez lui, appelle sa nouvelle amoureuse : "Chéri, c'était extraordinaire ! En sortant de chez toi, j'ai croisé un lapin. Oui, ici, à Paris ! On aurait dit qu'il était là pour moi! Tu connais la symbolique du lapin ? Mais si c'est vrai, je te jure !"

Les assertions de ces deux hommes sont vraies. Elles sont leur réalité, même s'il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'Emile, le petit du rez de chaussé ait oublié de fermer la cage de son lapin et que ce dernier ait pu s'enfuir.

Toutes nos réalités coexistent. Toutes, elles dépendent de mille facteurs. C'est ainsi. Il n'y a pas une vérité, mais ma vérité. Sauf qu'un jour, comme c'est mon cas, le "moi" cesse d'être présent à chaque instant et le me se transmue en le. Mais cela ne veut pas dire que vous deviez faire comme moi ! Et quand j'écris ici, je ne cherche à convaincre personne. Je partage ce que je vis et qui est en train de me rendre si heureux, si souvent.

Si vous aviez trouvé un médicament miracle ou une application iPhone qui soit vraiment révolutionnaire, vous voudriez la partager. Comme un bon livre. Vous allez informer ceux qui sont autour de vous. "j'ai trouvé un moyen d'être au présent tout le temps, de savourer chaque instant de la vie, d'aimer tout le monde !" Comment alors je pourrais vouloir le garder pour moi. Le reste, la façon dont vous le recevez, vous appartient. Vous parlez comme mon ex femme de mon manque de tolérance. Mais il s'agit de vous. Relisez, je ne dis, nulle part, celui qui fait telle chose est un con ! J'appelle même à aimer Bachar El Assad et Adolf Hitler comme s'ils étaient vos enfants. Pour un intolérant, c'est à se demander ce que veulent dire les mots ?! Comprenez-vous, vu ainsi, comme chaque chose que l'on dit sur ce qu'on reçoit de l'autre n'est que la façon dont nous pouvons le recevoir dans notre réalité, donc parle de nous-même et de rien d'autre ?

Comme pour les 5 principes... Il n'y a pas de différence pour moi entre le et je. Tout passe par moi. Quand j'arrête de mentir à l'autre, ce que est plus facile à faire que d'arrêter de se mentir à soi, car nous avons alors un support, en réalité, nous arrêtons de nous mentir à nous. Mais cela pour le vivre, il faut l'appliquer à la lettre. Alors on découvre un petit enfant qui se bat avec tous les outils inadéquat laissés par ses parents et le monde qui l'entoure. Et à partir de là, on peut commencer à se vivre. C'est aussi simple que ça. Et si ça marche pour moi, ça peut marcher pour vous. À vous de choisir ce que vous avez envie pour une fois ;)

Je vous aime. Et adore que vous continuiez à poser ces questions. Elles montrent que vous êtes sur la route et que tout cela vous touche, vous bouscule. Parce que ces mots résonnent en vous. Parce que votre réalité est, même si vous ne le savez pas encore, prête à entendre cela et vous aider à faire les pas vers le bonheur.

Bonne route ;))

03 septembre 2012

Être père (suite)... Devenir bodhisattva

Aujourd'hui je suis rentré dans ma maison. Après un mois et demi de voyage.

L'éveil que j'ai connu, cette nuit-là, dans mon hamac, alors que je comprenais que personne ne pouvait tromper personne, m'a mené sur une route où l'humanité entière et tous ses mots devenaient peu à peu invisibles, absents. Où le départ, nu, vers le néant semblait la seule route vraie.

Pourtant un petit être, attaché à ma chair, m'a permis de ne pas perdre le rôle d'être homme. Ma mission, ici bas, n'est pas encore finie. Elle, avec ses yeux plein de larmes et son menton fier, me l'a rappelé. "Si tu pars, papa, alors emmène-moi ! Je veux mourir comme tu décides de le faire. Maintenant !"

Bien sûr, cela n'enlève rien à ce que j'ai écrit ici pendant deux mois. Comme la mort, là où je suis, n'est rien d'autre qu'une porte vers un autre chapelet de corps et d'âmes. Et quand Rose m'a demandé de mourir, je n'ai pas hurlé, tant je comprenais qu'elle avait compris le peu d'importance que revêt nos vies humaines, nos lieux, nos égos.

Mais je suis ici et nous ne sommes pas deux. Mais quelques milliards. Mourir ensemble aux yeux du monde n'aurait pas été possible. Pas maintenant. Trop peu sont capables d'entendre ce qu'ils perçoivent sous le voile de l'éducation et de la peur.

Alors, j'ai réintégré mon habit d'homme, j'ai réintégré mon habit de père et je suis parti au combat. Comprenant que ma mission dorénavant serait d'être une passerelle entre les différents "je" et "Nous", un bodhisattva, prêt à finir sur la croix puisque les mots vrais font trop peur, mettent en colère. Vraiment. Puisqu'ils sont ceux qui touchent le plus profondément.

Pas pour Rose, non ! Rose a vécu l'éveil à mes côtés. Elle est la seule à avoir compris ma lettre. Elle est la seule à pouvoir rester aux côtés de sa mère dévorée par la folie et à ne pas souffrir. Parce qu'elle sait que tout ça n'existe pas. Elle sait. Elle a l'âge où ce savoir n'est pas encore complètement perdu. Les enfants sont les maîtres. Plus ils sont petits, plus ils le sont. C'est ainsi. L'âme, le cœur n'ont jamais eu besoin d'apprentissage, de règles. Au contraire. Comme la peinture sur un mur. Au début, le mur était mur. Ce n'est pas la peinture qui l'a rendu ainsi. Elle n'est qu'un masque !

Aujourd'hui je suis rentré dans ma maison. Je suis là. Et je dois faire avec les peurs qui se présentent plus souvent. Et je dois faire avec les mots. Et je dois faire avec l'argent. Et je dois faire avec les autres.

Certains me regardent avec de gros yeux. "Qui est-il cet homme qui dit tout. Sans aucune mesure ?" "Pour qui se prend-il ?" "Regardez ce manipulateur ! Il dit une chose et son contraire. Il est fou"

Que m'importe . Aujourd'hui, je sais que ceux qui ont besoin de moi me trouveront et les autres, les autres dans leur colère, dans leur peur, leur frustration, entameront le chemin. Inconsciemment. Puis quand ils seront prêts, ils accueilleront un autre maître. Que m'importe. Je sais aujourd'hui que tous m'aiment. Tous aiment tous.

Que m'importe ! Toutes les réalités coexistent ! Le bien et le mal sont la même chose. Que m'importe, tant que je reste au présent. Ouvert à tous les appels qui déferlent à chaque instant. Les limites n'existent pas. La propriété n'existe pas. Tous les maux sont les nôtres. Toutes les phrases que vous entendez dans la rue vous sont adressées. Alors tournez-vous, osez ! Osez intervenir, osez parler, osez vivre ! Vous verrez comme c'est bon.

Cinq lois à appliquer à la lettre sans aucune justification. Mais le plus strictement possible :

- Ne pas tuer (même une puce)

- Ne pas voler (même un divx!!!!)

- Ne pas mentir (dire tout tout tout ce qui vous passe par la tête. Essayez c'est très drôle et vraiment c'est le début de l'aventure !)

- Ne pas tromper sa femme ou son homme

- Honorer sa femme ou son homme à chaque instant

- Chaque mot proféré prend vie ! Donc ne pas médire, ne pas se plaindre en utilisant les mots : enfer, fatigue, etc...

Au début, on trébuche, mais dès qu'on commence à y arriver, on se rend compte que le chemin devient chaque jour plus facile.

La méditation aide beaucoup sur ce chemin. Comme se laver les dents chaque jour, méditer assis, les yeux clos et cesser d'être là, d'attendre des résultats. Juste respirer. Cela permet de laver l'écran de la peur qui nous joue des films toute la journée dans la tête. Prenez cela comme le fait de faire votre toilette. C'est capital au début pour commencer à appliquer les règles édictées par Bouddha.

Je vous aime, tous !

28 août 2012

Être père

Se coucher douloureux, se réveiller douloureux. Sûr que ce n'est pas la bonne voix qui parle, mais incapable de la faire taire. Il faudra que, rapidement, je retrouve le rituel du lotus et du flux et reflux de la respiration. Mais l'heure n'est pas encore à ça. L'heure reste au dernier round d'un combat à la vie à la mort pour tenter de faire entendre nos justesses. Le temps va trop vite pour que j'échappe aux différentes étapes.

Hier, j'ai dû dire au revoir à ma fille, au revoir à son père, au revoir à ma femme. Et je le sais d'ores et déjà, toutes ces morts ne pourront pas laisser l'amour entrer dans la maison. Ou alors au prix d'un travail si profond et si terrifiant qu'il faudra à cette femme magnifique faire ce qu'elle s'est toujours refusée de faire : regarder les choses telles qu'elles sont, ne pas juger, ne pas justifier, contempler le désastre et en rire franchement. Prête enfin à relever ses manches pour reconstruire pierre après pierre ce que sa peur a si méticuleusement détruit.

On ne peut construire l'amour en tuant. On ne peut faire la place qu'en soi-même. Elle n'est pas elle-même aujourd'hui. Elle est le fruit de notre union, le fruit de notre foyer. Celui où j'étais le veilleur implacable. C'est de cette femme-là que l'autre homme à cru tomber amoureux. Parce qu'à travers elle, il a vu notre ouvrage. Il a senti la force de l'homme qui porte chaque mot, chaque geste et emmène les siens à ses côtés. Offrant un père adulte et un amant divin à ce havre où la paix, même si elle ne ressemblait pas à ce que communément les gens prennent pour telle, était présente. La paix et la joie. Choses si précieuses qu'elles méritent tous les combats.

Lui avait besoin de ça, puisqu'il quitte sa famille. Il abandonne les siens par le pire chemin qui soit, celui de l'illusion : la passion.

Comment fera-t-elle quand les premiers temps passés, elle sera à nouveau hantée par les filtres de la jalousie. J'y ai eu droit tout au long de notre histoire et je ne l'ai jamais trompée. Plusieurs fois, il est vrai, je suis parti. Mais jamais pour une autre. La seule autre qu'il y ait eue, je l'ai rencontrée deux mois après notre dernière séparation et j'étais prêt à construire une nouvelle histoire avec elle. Et pourtant, sa peur n'a jamais connu de répit. Comment fera-t-elle donc, alors qu'ils sont le fruit de l'illusion, de la tromperie ?!

Je n'ai jamais souhaité être intrusif. Je n'ai jamais rien fait que d'être celui que j'étais vraiment. Avec mes forces et mes faiblesses. Mais toujours honnête. Toujours. Du coup, j'ai pu travailler tout du long à devenir meilleur. Pour elle... pour moi. Pour moi avant tout, vu que ce que j'ai réussi à accomplir à ses côtés, je le garde avec moi. Et aujourd'hui, je peux marcher la tête droite, assumer mes larmes et savoir que ce ne sont que des larmes, être encore plein d'amour pour elle, pour lui, pour ces six enfants à qui on vient d'ôter leur cadre, encore une fois.

Ce qui est dur, c'est de mesurer que si elle veut, elle peut transformer ces années de bonheur en enfer. Ce qu'elle fait déjà. En me tuant dans son âme, elle pense, à tord, lui faire une place. Lui justifier leur acte déshumanisé.

Ce qui est dur, c'est que je sais qu'elle fait fausse route ou plutôt qu'elle a choisi un détour à la végétation inextricable et qu'elle risque de beaucoup souffrir si elle veut continuer à cheminer. J'espère qu'elle en aura la force. De tout mon cœur, je l'espère.

Ce qui est dur, c'est de perdre mon métier d'amant, d'homme et de père pour ça ! Mais je ne lui offrirai pas ma fille en pâture, je ne lui offrirai pas une place dans mon nouveau foyer. Être père, c'est dormir dans la maison de son enfant, lui faire à manger, être là, être celui qui protège le foyer, être l'homme et l'amant qui chemine au côté de la mère et qui fait la place. Être père, c'est aider aux devoirs, écouter, donner du temps, de l'amour. Chercher aux côtés de l'enfant, les solutions les plus douces pour que l'enfant se construise et devienne le plus bel être possible.

Je ne suis plus cela. J'ai demandé à Rose de ne plus m'appeler papa. Ça m'a déchiré les entrailles et j'ai senti la peur tenter de s'engouffrer dans mon ventre. Mais j'ai tenu. "Tu m'appellerais papa quand je ferai le travail de père. Quand tu seras sortie du foyer de ta mère. Alors nous nous retrouverons. Et nous pourrons cheminer côte à côte. Et je pourrais devenir le grand père de tes enfants. Cela personne ne pourra me l'enlever. Ton père aujourd'hui c'est Emilio. Et demain, peut-être, ça en sera encore un autre. Ton père, c'est l'homme qui vit au côté de ta mère. Ou alors, tu pars avec moi, mais cela veut dire que tu es prête à quitter ta première mère. J'ai été le père de Simon et de Jeanne. Pendant toutes ces années. J'ai tant souffert de ne pas avoir cette place. Ne fais pas ça au prochain qui entrera dans la maison de ta mère. Nous nous aimons plus que tout et je serai toujours ton géniteur, celui qui t'a donné la vie. Ça oui. Mais aujourd'hui tu ne peux plus m'appeler papa. C'est un mensonge. N'aies pas peur, personne ne pourra me faire disparaître, que moi. N'aies pas peur, notre histoire d'amour est plus grande que tout. Elle ne souffrira de rien vu qu'elle n'est pas nourrie de mensonges et de peur. N'aies pas peur. Va, va ton chemin. J'ai confiance en toi. De tout mon être. Et si tu as besoin de moi, je suis partout à l'intérieur de toi. J'ai été là presque chaque jour pendant tes onze premières années et je te laisse déjà si forte et si belle. Ne t'inquiète pas pour moi. Je ne m'inquièterai pas pour toi, je te le promets. Va. Va et Vis !"

Oh oui, je lui ai dit tout cela. Et à chaque mot, j'ai cru m'évanouir, mais je savais, je sais que c'est ma vérité. Je sais que tant que je suis hors de sa demeure, jouer aux parents séparés est la pire chose qui soit. Pour nous tous.

Ouf!!! Quelle journée ;))

26 août 2012

L'amour... (suite)

Matin... De la peinture blanche sur les mains, un café, une cigarette, le ciel clair et frais du vent qui nettoie. Le ciel bleu. Bleu comme l'absence de couleur, bleu comme le vide, bleu comme la place toujours plus étendue.

Après, quand mes dents seront fraîches, quand mon visage sera lavé de la couche de sommeil et de peaux mortes de la nuit, après, je partirai.

J'ai eu, tout au long de cette rupture, de la rupture avec la femme que j'aimais, pendant un mois et demi, la chance de rencontrer les fantômes de mes craintes passées. Je les ai vues, à distance, dans le miroir de ses yeux, dans le miroir de sa voix, de ses gestes. Et j'ai découvert tant de choses.

Cette nuit, lors de notre dernier combat, de ce combat à mort pour sauver l'amour et la beauté, j'ai retrouvé la superbe de ma voix d'avant, pleine de force et de justesse, le corps tendu comme l'arc, affuté ! Samouraï au sabre de verbe tranchant comme un rasoir, fulgurant. Et j'ai compris que même si mon chemin était celui de Bouddha, j'avais en mon sein l'âme d'un guerrier. Un guerrier de lumière, un guerrier pacifique. Comme me l'a dit cet ami, ce double, lui qui s'appelle le Royaume de la Paix et que je n'ai pas compris, de prime abord, quand il m'a offert ce nom. Oui, je suis ce sage qui porte les armes et qui défend la parole vraie de l'amour. Oui, je suis celui qui est prêt à affronter la mort, sans peur et sans remords pour un seul mot, juste. Et -je le comprends en ce moment- cela, depuis toujours. Même quand je n'étais qu'un enfant de trois ans.

Chacun d'entre nous porte un ou plusieurs dons. Chacun à un rôle à jouer. Chacun. À cela, vous n'échappez pas. Vous êtes peut-être trop encombré pour vous en rendre compte ou simplement, trop fatigué, trop blessé pour entendre la voix en vous et hors de vous qui vous montre la route.

Et cette nuit, au bout de deux heures de combat, j'ai fini par la toucher. Par lui faire entendre, le temps d'une seconde, que si elle partait pour un autre, notre histoire n'y était pour rien. Qu'elle avait juste rencontré sur sa route quelque chose de beau et que cela suffisait. Qu'il n'y avait besoin d'aucune justification ou raison "valable". La vie ne se justifie pas, elle vit. L'amour ne se justifie pas ou alors il n'existe pas. Commencer une histoire en tuant une partie de soi, en tuant son histoire, c'est demander à l'amour de planter la lame dans son coeur, ce que l'amour fera, quoi qu'il lui en coûte.

Plus je l'entendais se justifier : dire qu'il y a huit ans, je lui avais dit ça ; qu'il y a cinq ans, j'étais parti ; qu'elle n'avait au fond que désiré me quitter sans jamais en avoir la force et que cet homme lui donnait le courage de passer à l'acte, plus j'entendais la puissance et la profondeur de son amour et, en même temps, l'insupportable douleur de la voir détruire ce qu'elle avait construit avec tant de patience et d'amour pendant douze ans. L'insupportable douleur de l'entendre se détruire elle-même !

Beaucoup d'entre nous font cela. Ils construisent sur des charniers. Ils s'enduisent de boue et de mensonge. Puis, une fois le mal fait, ne comprennent pas pourquoi il est si difficile de vivre côte à côte. Pourquoi celui qu'on a senti aimer nous fait trembler. Pourquoi quand on l'embrasse, on a un goût de sang en bouche. Bien sûr, rien n'est irréparable. Rien. Il suffirait, là encore, de reconnaître que simplement on en avait besoin pour faire le pas, pour faire la place. Que là encore, seul l'amour existe et l'histoire bâtie sur des cadavres verrait fleurir toutes les essences, sur le meilleur des terreaux. Mais, comme ce qui pousse l'être à détruire, à fuir, à tuer : la peur, le plus souvent, empêche même d'entendre pourquoi ce malaise s'est installé.

Cela n'est pas grave. Rien ne l'est. Pour nous, il y a, quand même, fruit de cette magnifique et immense histoire d'amour, une fille. Une fille de onze ans qui entend sa mère dire qu'elle aurait voulu ce nouvel homme douze ans plus tôt. Que son père, elle ne l'a pas aimé. Qu'elle était avec lui par peur. Et l'enfant qui porte le couple au cœur de ses veines voit son être amputé, déchiré.

Bien sûr, il peut vivre avec. Tous le font. C'est triste, mais là encore, ce n'est pas grave. C'est juste plus long et douloureux de faire le chemin qui mène à la paix. C'est tout.

Ce matin, je vais partir. Je crois qu'elle a quand même entendu quelque part combien notre amour était beau, je crois qu'elle est, très loin, rassurée de voir que je porte les fruits de notre histoire, fier et fort, sûr d'avoir passé les plus belles années de ma vie à ses côtés.

Et lui va arriver. Aujourd'hui. Et ce soir, il dormira dans la chambre où j'ai dormi douze ans. Bien sûr, j'ai fait ce qu'elle n'avait pas fait pour nous, malgré mes demandes. J'ai jeté le lit dans lequel nous nous sommes tant aimés. J'ai enlevé chaque trace de moi dans cette vaste maison. Photos, peintures, livres, affaires. Je leur ai offert un espace vide où ils auront plus de chance de pouvoir s'aimer. Mais, au fond, ils sont les seuls à pouvoir le faire.

Moi, le guerrier pacifique, je peux partir l'âme en paix. Espérons qu'ils arrivent à sortir de leur jeu de bourreaux et qu'ils s'aiment assez pour défaire les peurs qui les encombrent, une à une et qu'enfin, ils puissent dire tout l'amour qu'ils portent pour chacun d'entre nous, tout le temps, toujours. Espérons-le pour eux, pour ma fille, mais aussi pour chacun d'entre nous. ;))

Bonne journée à vous.

25 août 2012

L'amour...

J'ai regardé le ciel zébré de nuages et j'ai eu envie de pleurer.

J'aurais été prêt à mourir pour elle. J'aurais été prêt. À tout vivre ! À tout encaisser ! À tout perdre, tout donner.

Et voilà que le jour se lève et que ce don reste planté en travers de mes côtes fêlées. Et voilà qu'en réalisant qu'ici, je suis descendu pour aimer, je réalise, aussi, combien cela peut être insupportable pour celui qui n'y est pas prêt.

Aimer, c'est dire. Aimer, c'est être prêt à donner notre vérité à n'importe quel prix. Aimer, c'est laisser la place à l'autre de tout sans juger, jamais. Aimer, c'est rendre chaque jour le dernier. Aimer, c'est accepter de disparaître. Aimer, c'est se donner, se donner, se donner. Et au moment où la nuit revient, c'est veiller sur le sommeil de l'autre et empêcher les cauchemars d'entrer, quel qu'en soit le prix. Aimer, c'est être prêt à mourir, vraiment, à chaque instant, pour le moindre des caprices. Aimer, c'est vider l'espace du passé, vider l'espace de soi et laisser l'autre libre de tout détruire en lui montrant une confiance sans bornes, sans peurs, sans attentes. Aimer, c'est la vérité des saints, de Jésus, de Bouddha, de Mahomet. Et c'est si grand à vivre ! Si grand ! Ce n'est pas un sacrifice, c'est s'offrir le royaume de Dieu, ici et maintenant.

Certains, comme moi, ont besoin d'un autre pour le rencontrer. D'autres ont besoin d'eux-même, d'autres ont besoin de tous. Qu'importe ces choix, qu'importe. Le plus important c'est le chemin et, plus important encore, d'avoir l'honnêteté de mesurer l'étendue de l'ignorance. Pas l'ignorance des codes mis en place par nos différentes cultures, mais l'ignorance du cœur. Ce cœur dont nous étions maîtres enfants ! À l'époque, nous étions de grands sages ! Chacun d'entre nous ! Des êtres d'amour et de lumière. Le reste : chaque mot appris, chaque limite posée par l'apprentissage d'une réalité partiale et tronquée n'est qu'un scalpel qui coupe notre conscience, notre confiance, notre amour. Un bout, puis l'autre !

Ce n'est pas la faute de nos parents, leurs parents, avant eux, avaient fait pareil ! "tu vas tomber!" Tomber n'existe pas ! Tomber est un choix ! Tomber n'est qu'une des visions possible de la réalité.

Chaque fois que vous affirmez quelque chose comme étant vrai et que vous sentez en vous l'insupportabilité monter, alors c'est que, quelque part en vous, l'enfant n'y croit pas de toute son âme. Il a juste peur de se faire gronder, de se faire traiter de fou, qu'on se moque de lui, de son ignorance. Qu'on le jette sur le bord. Hors du monde.

Mais cela n'existe pas. Rien ni personne ne peut vous jeter. Rien, ni personne ne peut vous abandonner. Tout aime. Mal, blessé, pris dans des engrenages qui en rendent impossible l'évidence, mais tout aime. Tout !

Je n'ai rien d'exceptionnel. Ce qui est exceptionnel, ce sont les rencontres que j'ai faites. C'est cette mère qui s'est battue toute sa vie contre des fantômes qui n'existaient pas et qui a su me donner le verbe pour créer ; et qui a su, malgré le poids sur ses épaules, ne pas briser l'enfant qu'elle aime toujours autant. Ce qui est exceptionnel, c'est l'amour de cette femme qui, pendant douze ans, m'a tiré du bon côté du chemin jusqu'à me libérer complètement, me protégeant , sans même le savoir, de tous les fantômes qui l'ont tant blessée ! Ce qui est exceptionnel, c'est chaque être croisé sur ma route, c'est nous tous réunis en un seul et qui s'aime, qui s'aime, qui s'aime à en crever.

Tout ça est à vous. N'ayez plus peur. Chaque personne que vous rencontrez, vous pouvez lui parler sans peur. Comme si vous parliez à vous-même. Simplement. Et chacun vous aime comme vous aimez tout le monde. Cessez donc d'aller contre. Parce qu'alors vous vous brisez. Parce qu'alors vous emmagasinez du dégoût, de la haine. Vu que vous allez contre vous-même. Contre ce que vous dicte tout le reste de votre être.

Si vous savez faire ce pas. Si vous arrivez à dire : "je ne sais pas" et sentir le rire vibrant de la vie monter en vous, si vous réalisez que chaque acte qu'on appelle "méchant" dans notre monde est juste un acte construit d'ignorance et de peur, alors vous découvrirez que le paradis est ici. Juste là. En vous et autour de vous. Partout.

Attention... Je ne dis pas la vérité, mais ma vérité. Et si elle ne vous fait pas envie, alors crachez là ou plus gentiment, laissez là à d'autres, à ceux qui la sentent juste. Si ces mots ne vous siéent pas, ne les laissez pas même vous toucher. Il n'y a que votre réalité qui compte. Il n'y a que votre réalité qui existe. Le reste n'est que combat et peur, malêtre, malvie et cela n'existe que tant que vous en aurez besoin.

Je vous aime. Tous autant que vous êtes. ;)

 

16 août 2012

Réponse au commentaire de Chatterley

Chatterley a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Pour l'enfant..." :

Je ne vous suis pas quand vous écrivez que tout ce qui arrive c'est nous qui le créons. Ce n'est pas nous qui créons "les mots bien dits par d'autres" ce que veut dire bénédiction. Ce n'est surtout pas un enfant qui crée la séparation de ses parents... En général c'est ce qu'il croît et il s'en sent culpabilisé, à tort. Il lui faut faire avec, savoir qu'il y a des points d'amour dans l'Etre, les réserves infinies d'être, dans la création, les rencontres, investir son chemin, s'appuyer sur ce qui est bon, tenter d'éviter les pluies d'empêchements.

Par ailleurs, je ne comprends pas que vous puissiez définir l'arrivée d'un nouvel homme dans la vie de sa mère, comme père. C'est d'abord le nouvel amoureux de sa mère, puis si cela devient un nouveau couple, son rôle sera ce qu'il en écrira dans la quotidienneté. il peut devenir un point d'appui, une autre instance tutélaire. Son père de naissance et d'éducation restera son père.

Ma réponse :

 

Merci. Merci de votre message et merci de vous autoriser à poser ces questions. Je pense que ceux qui suivent le blog habituellement ont été, comme vous, déroutés, vu le peu de réactions que cet article a suscité. D'habitude, les mentions "j'aime" de Facebook suivent les publications et là, si l'article a bien été lu -je peux le mesurer- le silence qui l'entoure raconte une gène que vous venez peut-être libérer. Donc merci et surtout ne perdez jamais cette confiance qui vous fait chercher et tenter de comprendre.

Pour ce qu'il en est de cette lettre, s'il est vrai que dans notre monde, s'adresser ainsi à une petite fille de dix ans est assez incompréhensible. Mais oui, personne ne pourra m'en faire démordre, je pense que dès sa venue au monde, on choisit. Un bébé ne choisit il pas de pleurer, de sourire, d'ouvrir ses yeux et de les fermer ? Un bébé qui pleurera pendant trois ans sans discontinuer ne jouera-t-il pas un rôle dans la relation de son père et sa mère ? Bien sûr, dans notre approche de l'homme, dans cette illusion qui consiste à dire que l'enfant apprend et développe sa personnalité et qu'il deviendra responsable qu'au moment de sa majorité, une telle lettre est insupportable ! L'enfant comme nous tous est fait des mêmes particules élémentaires qui n'ont pas d'âge. En cela nous sommes tous égaux et un. C'est un fait maintenant reconnu par la science que ces particules sont "intelligentes". Donc un enfant choisit. Il participe aux choix de tous ceux qui croisent sa route. Nous voudrions l'empêcher. Croire que pour faire ça, il faut être adulte, maîtriser une langue, etc. Mais ce n'est pas juste et je sais que vous le comprenez, chère Charterlley.

Quand à ce que je lui dit sur le père. Bien sûr pour sa mère, il s'agira avant tout d'un amoureux. Mais elle n'est pas sa mère, elle est une enfant. Et chaque homme qui entrera dans la maison de sa mère sera dès lors un père potentiel pour elle. Alors je souhaite qu'elle les accueille comme tels et qu'elle ne cherche pas à jouer le jeu des hommes tristes. Qu'elle profite de tous ces pères, fussent-t-il un ou mille.

En espérant de nouvelles rencontres et des mots qui amènent vers la compréhension. Je vous salue avec respect et amitié.

 

P.S. Vous parliez aussi de culpabilité. Mais pour parler de culpabilité, il faut parler de faute. Qui nous dit qu'il s'agit là d'une faute et qu'elle ne nous ai pas aidés, tous les trois, à faire un pas, à grandir pour nous rapprocher du bien vivre. ;))

Alexandre

 

Pour l'enfant...

Après mûre réflexion, ce message envoyé à ma fille de onze ans qui traverse en ce moment notre séparation, je le dois à vous tous et vous le donne à lire, si vous en avez envie.

"Petit amour. Tendre et magnifique jeune fille. Lumière.

Edimbourg est magnifique et j'y suis heureux, vraiment. Content d'avoir pu finir cette histoire comme ça, sans trop de heurts. Avec toujours autant d'amour. Maintenant, il te faudra faire sans moi. Pendant un temps. Je ne supporterai pas que tu sois l'instrument de cette histoire. Parce que si tu en es le fruit, le point d'orgue, la pièce la plus belle, ce qui se passe, ici, entre un homme et une femme, un couple, ne te concerne pas. Et surtout, il n'impose en rien ton adhésion à quoi que ce soit. Reste libre. Toujours. Écoute ta voix intérieure.

Écoute celui que tu appelles Bouddha et qui parle à travers toi. Il s'agit en fait de ta voix intérieure. Comme chacun d'entre nous, tu portes bouddha ou Jésus ou Dieu même si tu préfères, dans ton cœur. Tu es bouddha. La meilleure partie de toi l'est et l'a toujours été. Ne doute jamais. N'ai jamais peur. De rien.

Tout ce qui arrive c'est toi qui le crées. C'est toi qui le fabriques. Il te suffit d'une pensée, d'un mot et hop, cela apparaît et existe. On ne subit jamais rien. On choisit tout. Même l'endroit où tu nais. Même tes parents. Même le fait qu'ils se séparent. C'est toi et toi seule qui le choisit. Et si tu as choisi ça, c'est que c'est le mieux pour toi. Pour devenir pleinement la plus belle femme que tu portes. Un être d'amour et de lumière. Un être évolué et qui refuse tout ce qui sonne faux.

Tu vas devoir traverser une épreuve difficile et je ne serai pas là, mais si tu aimes ta mère -et tu l'aimes, il n'y a aucun doute !- Tu dois être honnête tout le temps. Et savoir la laisser régler ses problèmes seule.

Elle pense que les autres peuvent l'aider, mais elle se trompe. Ce n'est ni le rôle d'un amoureux, ni celui d'un enfant. Et pourtant ce sont là les deux qui l'aimeront le plus. Il faut que tu acceptes que tu ne peux rien pour elle. À part devenir la plus belle femme possible. À part réussir ta scolarité. A part lui faire entendre que tu es là, si elle le veut, mais pas pour porter son fardeau. Ça, elle est la seule à pouvoir le faire.

Si un nouveau père entre dans votre vie, sache que comme tous les êtres humains, il porte une part de moi. Alors aime le. Ne lui fait pas payer. Sache que tous les êtres humains sont ton père et ta mère comme ils sont les miens et ceux de ta mère. S'il en manquait un seul, tu ne pourrais être et devenir celle que tu es.

Il n'est pas sûr que je t'écrive à nouveau. Mais je te lirai. Et sache que je suis tous les jours là à tes côtés. Écoute tes sensations ! Crois à tout ce qui passe par ta tête. Tout est vrai. Quand tu me sens, c'est que je suis là et alors si tu veux me faire un câlin, tu le peux. Sans retenue. Personne ne pourra jamais nous prendre ça. Que toi ! Donc fais attention à ne pas écouter les mauvaises voix qui ont peur et ne veulent pas qu'on soit si heureux, aussi simplement. Fais comme ils te disent, accepte les règles, mais ne laisse pas leurs mots entrer en toi. Respecte les lois, respecte leurs codes, mais sache que ce ne sont que des lois et des codes, pas la vérité, pas l'unique réalité.

Je t'aime d'amour et d'au delà.

Courage princesse.

Tout ce qui arrive doit arriver. À toi de comprendre pourquoi tu as fait ces choix. Comme nous devons comprendre, ta mère et moi, pourquoi nous avons choisi cela. Il n'y a pas de faute, juste un chemin.
Mille bisous.

Papa

Envoyé de mon iPad"

À bientôt.


12 août 2012

Comme un nuage dans le ciel...

Comme un nuage dans le ciel ! Le magnifique dessin s'estompe et disparaît. Et là aussi, il faut apprendre à lâcher les formes qui rassurent.  Et là aussi, il n'y a que l'homme pour en avoir le cœur serré. Parce qu'il est le seul à avoir voulu enfermer le monde dans des mots.


Le sans forme est aussi beau que la forme. Et pire, il est le même exactement ! C'est seulement que les mots ne peuvent le définir. C'est simplement que sans les mots, l'homme n'a que la peur. Pas parce qu'elle existe, mais parce que des siècles et des siècles de culture en ont fait la seule compagne possible.

Il ne s'agit pas de la tuer ! Mais seulement de la voir, la contempler. Tout comme le reste. Elle aussi, dans le fond, comme la colère est une amie profonde et aimante. Et qui ne veut que notre bien. Du fond du cœur. 

Mais, inversement à la colère, elle est timide. Elle se cache. Elle est douce et secrète. Et il devient dur de la comprendre, de la voir même. Tant elle ne veut pas d'imposer au grand jour. Tant elle parle doucement. 

Il faut beaucoup de place pour la trouver, la rencontrer et lui parler. Beaucoup de place et de temps. Beaucoup de patience et de calme. Alors, elle sort sa tête d'entre ses genoux croisés. Elle a les larmes de toutes nos vies dans les yeux et répète sans arrêt : "Je veux mourir, je veux mourir, je veux mourir"

C'est dur de tuer quelqu'un. Combien de fois avons-nous entendu que tuer était le pire de l'homme ? Mais aujourd'hui vous le savez, le pire n'existe pas. Seul l'homme existe, dans toute sa beauté ! Alors, vous regardez cet enfant sans défense et vous le prenez dans vos bras devenus forts. Vous l'embrasser tendrement sur le front et lui demandez une dernière fois si c'est bien ce qu'il veut. Et enfin, mu par un amour incommensurable et les larmes dans les yeux, vous offrez à cet enfant le seul cadeau qu'il vous réclame : la mort !

Ça ne laisse pas indemne. Et il faut croire en soi beaucoup. Et il faut s'aimer très fort. Et il faut sentir la vie couler par tous les interstices. Ainsi, vous venez de mettre un terme à tout ce qui n'était pas vous. À tout ce que vous emportiez dans vos bottes pour tous les êtres qui vont ont fait des serments d'amour. Et l'enfant se relève : "Même pas mort !" car personne ne peut mourir. Mais il a le sourire à présent. Et il court à travers les champs sans regarder où vont ses pieds. Il court derrière ses nuages sans forme. Il aime. De tout son coeur, de toute sa voix. Il ne parle pas, non ! Il chante. Et vous pouvez tourner les yeux, il n'a pas besoin de vous pour vivre. Il vit. Quoi que vous fassiez ! Et il reviendra vous voir. Quand il aura envie. Quand ce sera le moment. C'est tout. Et vous n'appartenez, alors, à plus personne. Même plus à vous. Juste, vous respirez ! Juste, vous respirez. Vous vivez ;)

09 août 2012

Dieu existe... Si tu veux !

Je ne sais plus trop sur quoi je vous avais quitté la dernière fois. J'y parlais de satori, de traversée de la mort, de la vie...

 

Aujourd'hui, je suis en montagne, à plus de deux milles mètres d'altitude. Je profite de la hauteur pour lâcher les derniers liens. J'en profite pour entendre ce qui compte et bat à l'intérieur de moi, irrémédiablement ; dans mon ventre, dans mes veines. Je profite de la qualité du silence et de l'immensité. C'est si bon. Si profond. On ne peut pas avoir peur si l'on veut pouvoir plonger si profond. On ne peut pas... Malheureusement.

 

C'est drôle comme en si peu de temps -quinze jours- ma vie à changé. Ce n'est pas que je sois devenu différent, c'est juste que j'ai cessé de douter de ma réalité et que, du coup, tout vient à moi. Comme dans mes rêves les plus fous. Il s'agit juste de cela. De cesser de douter. De cesser de prouver. De cesser les questions qui ne viennent pas de soi.

 

Alors, libre, on avance, pas à pas, sur une route d'amour et de douceur. Sur une route où tous les êtres, tous les éléments vous comprennent et vous aiment. Pourquoi ? Simplement parce que vous êtes alors dans un amour véritable de vous-même et qu'il suffit de ça pour ouvrir toutes les portes.

 

Quelqu'un me demandait récemment si Dieu existe. Elle voulait vraiment savoir...

 

Qu'en pensez-vous ? Que crois-tu à l'intérieur de toi ? Si tu crois en Dieu, alors Dieu existe. Car l'homme est cela : le créateur. Chaque pensée qui passe par vos têtes existe ! Chaque mot donné prend vie ! C'est ainsi. Pour certains Dieu n'existe pas et pour d'autres si. Aucun n'a raison ou tort. Puisque le monde, l'univers est si vaste que toutes nos réalités coexistent. Toutes. Vraiment.

 

Il n'y a aucun doute là dessus. Peut-être ne pouvez-vous encore le percevoir, mais c'est ainsi. C'est comme si nous étions tous, humains, animaux, végétaux : tout ce qui comporte de la matière et du vide, le même être. Et que chaque réalité individuelle soit nécessaire pour que cet être avance, grandisse, vive. Nous sommes tous connectés et ce n'est pas quelque chose à travailler, mais juste à écouter. C'est là. Ça l'a toujours été. En vous. Et si vous prenez le temps de vous écoutez, vous le savez. C'est tout.

 

Apprenez à vivre sans peur. Apprenez à traverser tout ce qui vous fait peur pour vous en défaire. C'est simple. Douloureux certes, mais si simple et si rapide. Ne doutez pas de vous. Ne doutez pas des horreurs que vous mettez sur votre route. Si elles sont là, c'est que nous en avons besoin. Si elles sont là, c'est que vous les avez choisi pour guérir notre être. Nous avons besoin les uns des autres et plus nous serons heureux, vivants, libres et plus notre chemin sera lumineux.

 

Ayez confiance. Ayez de l'amour pour vous. Rendez-vous compte de la force magnifique qu'il faut pour avoir traversé tout ce que vous avez traversé. Soyez indulgents avec vous-même. Personne ne fait le mal volontairement. Personne.

 

Je vous aime.

 

Des bisous des montagnes et à très vite.

 

01 août 2012

Toucher la mort et renaître

Longtemps que les mots ne sont pas venus ici... Même dans le sas entre le blog et ma tête, je veux dire.



Je viens de traverser la plus dure épreuve de ma vie ! Il y en aura d'autres, mais, à ce jour, rien n'était venu m'ébranler de la sorte. Comme un tsunami intérieur, comme un tremblement de terre, une explosion atomique. Et quand je suis sorti de la torpeur, tout était en miettes. Tout.



Il ne reste rien.



Même plus les peurs ! Et c'est là que quelque chose d'inimaginable s'est passé ! Oui, quand mes yeux se sont rouverts et que les cris qui déchiraient mes entrailles sont sortis, vomis dans des danses macabres, jetés au visage de la terre et que je suis tombé, épuisé, je me suis rendu compte que plus rien ne me retenait. Rien. J'étais libre. Libre de reconstruire ou de prendre mon sac sur l'épaule et de filer au gré des vents. Libre ! Libre comme l'air ! Libre comme une particule ! Sans peurs. Sans plus jamais à avoir a penser à hier ou à demain. Contraint de rester là, avec ce grand blessé, dans une écoute douce et juste. Dans une écoute absolue de l'instant.



Bien sûr, mon travail de méditation, ma passion pour la culture japonaise et mon glissement, toujours plus profond, dans le bouddhisme ont dû aider. C'est-à-dire que malgré le fait que je n'arrivais plus à dormir, je pouvais encore respirer. C'est-à-dire que malgré l'intolérable douleur, je savais que cette douleur n'était pas moi, mais là, en moi. Et que même si elle hurlait plus fort que tout le reste, les autres continuaient à cheminer. Du coup, parfois, il m'arrivait de les croiser, même dans les pires moments. Bien sûr, sans cela, je n'aurais certainement pas eu la force de traverser l'horreur sans devenir monstre à mon tour et je mesurais la grandeur de l'homme qui traverse cette épreuve sans aide. Comment font-ils ? Quelle force incroyable peut les pousser à survivre ?!



Mais dans mon cheminement, cette épreuve arrivait à point nommé. Comme si le ciel m'avait entendu et m'avait plongé dedans corps et âme pour que je puisse franchir la frontière qui me séparait encore des bodhisattvas. Car ce que j'ai vécu là n'est rien d'autre qu'un "Satori" , nom donné pour l'illumination dans le bouddhisme zen. Et me voilà lavé, libéré des chaînes entravantes de la vie. Me voilà dissout, presque complètement. Et bon dieu que la vie est sublime quand les voix se taisent enfin. Et mon dieu que nous sommes beaux, tous, du nazi jusqu'au poète, beaux ! Et si dignes d'amour !



Aujourd'hui je dors dans les arbres. J'ai jeté tous les livres, tous les films, tous mes écrits, toutes les traces de mon passé, tous mes objets : appareils photo, playstation, caméra... pour ne garder que l'essentiel : quelques instruments de musique, quelques affaires pour s'habiller : condition pour pouvoir continuer à passer de temps à autre dans notre monde phénoménal et un ordi. Et je sais que si demain cela me pèse, je pourrais partir nu dans la forêt. Laissant tout. Puisque tout ça n'est rien. Plus rien ne m'attache, plus rien ne me retient. Et voilà que je peux dire les choses, tout ! Sans crainte.



Quelqu'un, ici, s'est sacrifié dans sa chair pour pouvoir m'offrir ça ! Cela, je ne l'oublierai pas. Et jusqu'à ma mort, je rendrai ce cadeau à tous les êtres vivants que je croiserai.



Tous, je vous aime. Tous, n'ayez de crainte. Ce que vous vivez, traversez, est un cadeau. Quoi que ce soit. Un cadeau qui vous emmène vie après vie vers la liberté absolue. Ne regardez pas le temps de votre vie comme un tout, ce n'est qu'une goutte d'eau liée à toutes les autres qui vivent et meurent autour de vous. Vous n'êtes pas seuls. Nous sommes tous un. Tous un. Courage et persévérance !



À vite.

14 mai 2012

Le cerveau de l'homme,

 

Un cycle de silence... Un cycle au regard doux posé sur les ailes de l'instant. Et quand le silence se crève, je découvre un être que je ne connais pas ou plutôt à l'écho inconnu. Je veux dire... De moi à moi rien ne change, c'est juste comme un chemin qui jamais ne fini. Qui s'étend tous les jours un peu plus et qui devient tellement fascinant qu'on en oublie de regarder en arrière. D'ailleurs, il ne faudrait pas dire en arrière, l'arrière n'existe pas. Le temps, l'avant, les autres nous, s'étendent sur le côté. Comme une bande infinie qui se donnerait la main sur une même ligne. Le temps n'existe pas ! Mais pour l'extérieur, pour ces êtres que je découvre aujourd'hui, Alexandre n'a rien à voir avec Alexandre. C'est un autre. Et je comprends le chemin parcouru en les écoutant me raconter ce qu'ils voient.

 

Mais tout cela n'a pas d'importance. Ce qui compte c'est qu'à l'intérieur, les repères se déchirent l'un après l'autre. Ce qui compte, c'est le sourire qui ne se choisit pas. Ce qui compte c'est le silence qui gagne et cette capacité nouvelle qui ressemble à de la télépathie et qui n'est rien d'autre qu'un peu de place pour voir l'autre. Et se rendre compte qu'il est partout. Absolument partout !

 

Avez-vous déjà pris ce soin d'écouter au cœur de vous-même et de vous rendre compte que même à l'intérieur de soi, la délicatesse est un choix à faire et que chaque cellule l'appelle ? Elle attend, patiemment, le jour où vous lui demanderez si quand vous riez, vous ne la bousculez pas trop. Et je suis sûr encore que sur ce chemin, nous pouvons descendre encore et encore, jusqu'à apprendre à caresser le néant.

 

La difficulté ici est qu'il ne s'agit pas d'une performance, bien au contraire. Sur cette route, il n'y a pas de but à atteindre, juste un choix à faire. Choisir d'être Homme, à chaque instant. C'est un effort constant. Le seul qui permette de délaisser notre cerveau reptilien pour atteindre le cerveau humain. Oui, c'est ainsi que nous sommes faits. Notre cerveau, en son cœur, est archaïque. Il régit tout ce qui nous fonde. La survie, la faim, le sexe, la mémoire, etc. C'est notre vestige de temps reculés où la survie était dictée par des codes de base. Mais, au dessus de cela, nous avons un cerveau plus jeune, moins expérimenté et pourtant capable de mille prouesses. C'est le résultat de notre évolution. Et pourtant, pour la plupart d'entre nous, il reste en jachère. Une terre désertique, fantôme. C'est là que le choix opère. C'est là que commence le travail, minutieux, permanent. Créer les passerelles qui ne se feront pas d'elles-même. Choisir d'être un être d'une qualité nouvelle en faisant appel à ce terrain vierge où tout est possible. Tout ce que nous souhaitons créer peut l'être ici. Il faut du temps, de la rigueur et beaucoup d'amour. C'est tout.

 

Finalement, c'est peu quand on pense à l'immensité de ce que ça peut apporter. Nous ne sommes pas faits pour être ce que nous sommes. Nous sommes faits pour devenir ce que nous rêvons d'être, chacun. Pas ce que nos parents, nos ancêtres ont voulu pour nous. Pas ce qu'on nous a imposé comme étant la réalité. Mais ce que nous portons chacun au plus profond de nous-même. Cette graine qui attend en chacun de nous de devenir. Alors, ne soyez pas défaitistes! Ne vous en remettez pas à la fatalité. Faites un pas, même petit sur votre route. La suite viendra d'elle-même. Petit à petit. Lentement. Vraiment.

 

Bonne journée à vous.

30 avril 2012

Conférence sur le Théâtre Nô

Puisqu'il semblerait que certains viennent ici pour trouver des informations sur le Nô, je me suis dit que de temps à autre, je mettrai en ligne les documents qui débordent mon ordinateur sur ce sujet....

Voilà une conférence commandée pour un "Mondo" lors du rassemblement régional PACA des hauts gradés de Judo. Du coup, l'accent est mis sur la paternité des codes martiaux dans le théâtre nô. Malgré tout le spectre est assez large et permet un survol "rapide" et "singulier" de cette forme que je côtoie depuis bientôt vingt ans.

Si jamais, vous vouliez la conférence sous forme powerpoint ou en séquence quicktime, n'hésitez pas à m'en faire part. Si vous y voyez de grosses bourdes ou autres erreurs, faites pareillement. ;)


conférence sur le théâtre Nô - Noh Theater -

14 mars 2012

Laisser mourir...

Heureusement qu'elle est là, juste derrière la porte. Il suffit de sortir, de s'asseoir et d'être assez calme pour ouvrir les yeux. Les amandiers en fleurs, les arbres de Judée qui bourgeonnent, les vieux pins qui ne se déparent jamais de leur vert profond, les chênes...

Il faut au moins cela pour un pauvre fou tel que moi. Et encore, il m'a fallu plus de dix ans, avec ce paysage sous les yeux tous les jours, pour comprendre la force bienfaitrice de cet environnement.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas perdu. Et malgré le travail, malgré la méditation, les efforts de justesse, à chaque instant, comme à chaque fois, je n'ai su laisser mourir la mort.

"Kuyô, drame nô sur la catastrophe nucléaire de Fukushima" - Montage d'éléments du travail d'écriture

Explication... Quand on écrit -mais je pense que c'est la même dans tous les domaines- arrive ce moment où ça s'arrête. Et bien, croyez-le ou non, accepter cet arrêt, cette fin est quasi surhumain ! L'effet de masse vous entraîne, malgré vous. Et dans mon cas, cela se traduit par l'attente absolue ! Devant mes mails, mon téléphone, je passe des heures, mal, inerte, rendu fou. À refuser la fin. Pourtant, si je suis toujours là, l'oeuvre est déjà loin. C'est ainsi. Elle finit toujours par s'achever et prendre sa route en solitaire. Et c'est un dur travail d'accepter ce moment. D'accepter que ce qui semblait nous faire exister, ce qui est déjà une aberration, s'arrête. Et nous ne disparaissons pas avec cette mort là, même s'il est vrai qu'une partie de nous meurt, comme à tous les instants qui passent.

Il m'est arrivé de passer des mois ainsi, des années même. Après "Nous, Traces d'un Roi Lear" par exemple. Et chaque fois que je m'assieds pour écrire, je le sais, je risque de me laisser emporter par cette folie. C'est mon lot.

"Kuyô, drame nô sur la catastrophe de fukushima" est fini. Il est parti hier pour l'Association Beaumarchais qui dépend de la SACD. Il est aussi dans quelques boîtes mails de gens importants pour moi et d'autres importants pour lui... Et bien, c'est fini. J'en crève de dire cela. Mais les mois que j'ai passé au côté d'Hirotsuné, de Shizuka et du docteur Abe sont finis. Et même si j'ai tant de mal à l'accepter, ils vivent maintenant sans moi. Et idem, je dois me convaincre que je vis sans eux. Bien plus difficile à faire qu'à dire. Ça semble dingue, dit comme cela. Et pourtant...

Heureusement, il y a dehors. Il y a toi, il y a vous et tous ces instants où la vie lance ses appels. Il suffit juste de dire : "ok, je lâche". Alors je lâche. Idem, ce misérable texte que j'écris ce matin. "Ok, je lâche". Idem, chaque geste, chaque moment, chaque trouvaille, chaque bêtise, chaque joie..."Ok, je lâche". Et même si j'ai peur de la mort, je ne peux rien faire d'autre que de l'accepter... Alors "Ok, je lâche!"

03 mars 2012

Atome... ou le sourire de Dieu

Le printemps... Les arbres et le soleil qui remonte jour après jour et qui commence à lécher notre façade dès neuf heures le matin. Beaucoup d'oiseaux ont déjà repris leur route, remplacé par les pies qui montent la garde à nouveau devant le perron. Tout cela a lieu juste là, mais ces derniers jours, je n'en ai pas trop profité. Pas que je cours les théâtres comme ça a été le cas ces derniers mois -je suis en pause...- mais j'ai enfin attaqué l'écriture de "Kuyô" et il faudrait que ce soit fini pour le 11 mars. Pas seulement parce que c'est "l'anniversaire" de la catastrophe, c'est aussi la limite pour envoyer la pièce à la fondation Beaumarchais. Hasard...

 

Enlever la casquette du technicien pour reprendre celle de l'écriture devient, chaque fois, plus difficile. Pourtant, c'est pour cette raison, au départ, que j'ai fait ce choix. Alors, chaque matin, je pars à l'autre bout du monde, sur ce morceau de terre où l'homme ne peut plus aller, retrouver ces personnages au sang mêlé de réel et de fantaisie. Est-ce que quelque chose à changer dans ma façon d'écrire depuis la méditation, le taiji ? Je ne sais pas... J'essaye autant que faire se peut de les laisser parler sans trop interférer, de ne pas laisser les films dans ma tête me ramener sans cesse au succès, aux tournées innombrables, aux discours... J'essaye de laisser l'égo à côté. Peut-être aussi parce que le sujet est si grave qu'il me semble indécent d'y mêler les jeux odieux de notre société. Je lutte...

 

Je lutte pour ne pas laisser ma colère traverser, lutte pour ne pas secouer l'auditeur en voulant lui rappeler incessamment qu'il ne peut pas faire comme si cela n'avait pas eu lieu. Je lutte, des heures durant, face à l'écran pour leur laisser la place de nous raconter.

 

C'est un combat épuisant. Un combat... Je ne suis pas encore arrivé au moment où le combat cesse. J'aurais aimé. C'est en partie le moteur de mon travail sur moi, sur mon fond, sur mon humanité. Mais court-circuité tout cela est loin d'être évident...

 

En même temps... Le combat épuise ! Et l'épuisement laisse le silence se faire souvent. C'est ce qu'il s'est passé hier soir. J'étais dans la salle de bain, au lavage de dents -une fois n'est pas coutume- quand j'ai ressenti comme un éclatement de milliers de particules. Il n'y avait plus moi, mais un millier de voix, un millier de destins qui couraient sous ma peau. Et plus que ça : même les limites physiques qu'on érige en barrières n'existaient plus. Comme si chaque cellule, chaque atome pouvait entrer en contact avec n'importe quelle autre cellule, n'importe quel autre atome, n'importe où. Sans limites !

 

Qu'est-ce qui peut résister face à ça ? Qu'est-ce qui peut avoir suffisamment d'importance pour passer au dessus ? Et quelle profonde tristesse de pouvoir entrapercevoir de quoi nous nous coupons ! Pour quelle cause ? Pour quel idéal ? Rien n'est plus doux et vaste que cela ! Les gens s'offusquent de voir leurs enfants, leurs amis se perdre dans des jeux vidéo au point de refuser la vie ? Mais quelle est la différence entre ces jeux et le jeu de la vie tel que nous l'avons établi ? Aucune ! Même la nourriture est une illusion ! Une illusion que nous avons transmise à tous ces atomes qui perpétuellement préfèrent se remettre ensemble pour former la matière de ces corps imbéciles, égoïstes, vaniteux, sans intérêt qu'on appelle homme. Peut-être savent-ils ? Peut-être subissent-ils notre joug... Peut-être est-ce pour eux le seul moyen d'atteindre la liberté du contact. Quand enfin nous cessons de vouloir, de croire, de chercher, mais rencontrons la vie ! Peut-être nos véhicules sont nécessaires... Qui sait ? Dieu existe. Il est l'espace sans limites. Il est ce silence nourricier où tous les reliefs se fondent et les limites se brisent. Il est ce lien qui nous unit à l'air, à l'eau, à l'autre. Il est la somme de ces particules qui forment notre univers et qui ne sont qu'un. Espérant notre silence, espérant notre innocence, notre refus du convenu, de l'abject être cultivé que nous sommes tous et qui trouve les mots pour justifier l'injustifiable. Quand il suffirait de se taire et d'ouvrir les portes. Aucun de nous n'existe réellement. Je n'est qu'un micron du réel. Nous préférons vivre et mourir pour ce micron ridicule plutôt que d'avoir le courage de laisser aller, de lâcher prise. Simplement ça ! Il ne s'agit pas de devenir yogi ou maître de quoi que soit, juste d'accepter l'ignorance dans laquelle nous sommes et de nous en remettre à nous, à lui, à eux, ce tout là incommensurable et inséparable.

 

Désolé pour le retard... Une semaine que le message est dans la boîte, mais l'écriture de Kuyô prend la place... Pour quelques semaines encore ! À bientôt.

 

19 février 2012

La peur de mourir...

 Hier soir, après une longue journée de travail, harassé par le poids des mètres interminables d'un décor monumental, quand le silence est venu me noyer, mes tics habituels : longs flots verbeux et malodorants, n'ont pas eu la force de dresser leurs barrières ouatés.

 

J'étais dehors, la clope au bec, absorbé par l'avènement de la nuit au coeur de cette forêt qui borde ma maison, quand la futilité de la lutte m'est apparu comme une claque au travers de la gueule. Peut-être parce que mes muscles fatigués refusaient de répondre à mes sollicitations, peut-être à cause du contre-coup ? Un chat était là, un chat que je n'avais pas revu depuis le début de l'hiver et que je croyais mort, vibrant de vie, vibrant d'une énergie de guerrier, luttant contre la disparition, de tous ses poils.

 

Peut-être, me disais-je, ce qui pourrait nous différencier des animaux, c'est la réalisation de l'absurdité de cette lutte. La vie, notre vie n'est rien. Pourquoi alors avoir peur de la mort ? Pourquoi se battre, se démener, aller contre le courant de la vie, contre l'instant, dans quel but!? Victor Hugo n'est-il pas mort ? Pensez-vous que les traces qu'il a laissé, ces fameux chefs d'œuvre ont à voir avec une quelconque survie ?! Bien sûr que non ! Il est mort et ce qu'il a laissé ne lui appartient pas plus que le temps de nos jours. Il est mort et s'il pouvait revenir, je suis sûr qu'il nous le dirait : rien ne sert de lutter, rien ne sert de se battre contre la mort, quand elle vient, elle nous emporte complètement et ne laisse de nous rien d'autre qu'un sac d'os à la terre !

 

Et finalement, n'est-ce pas merveilleux de comprendre que nous aurons beau faire, jamais il ne restera rien de nous, nulle part, à aucun moment. La vie se meurt à chaque instant. À chaque souffle, je perds un peu de moi. Et après ? Est-ce une raison de ne pas vivre maintenant ? N'est-il pas bouleversant de nous voir perdre la seule chose pour laquelle nous sommes réellement faits : accepter de ne vivre que dans l'instant, de ne pouvoir faire autre chose que d'aimer ce qui nous traverse, et cela pour des chimères, des rêves de fou ?!

 

Et même si nous pouvions survivre... Quel en serait l'intérêt, si nous ne le faisons pas pour vivre ?! Si c'est, avec la peur comme unique partenaire, pour ne pas voir et nous réjouir de l'instant ?! 

 

Soyons au fil de l'eau, conscients de n'être rien d'autre qu'une fleur, une mouche, un puceron. Et remercions la terre de n'avoir rien de plus à faire. Si nous pouvons toucher cela du doigt, alors, sûr que l'amour pourra prendre toute la place et remplir nos carcasses vides, inhabitées.

 

Qu'il est bon de ne pouvoir résister... 

11 février 2012

Inutile... Oui juste ça, inutile !

 Inutile, bon à rien, paria, parasite, sangsue ! Non, non, je ne suis pas au fond de la dépression. Juste dans cette quête du silence et du vide où les découvertes sont parfois odieuses.

 

Et voilà qu'hier soir, entre quelques notes de Shakuhachi et les textes de Krishnamourti, m'est apparu cette évidence, cette sensation profonde et permanente enfouie sous le magma de nos activités : l'inutilité ! La dimension vaine de notre présence. Enfin la mienne, en tout cas !

 

Est-ce que si j'étais un autre ce serait différent ? Est-ce que si j'étais à la tête d'une organisation d'aide internationale, il en serait autrement ? Je ne crois pas. Tant est profond ce sentiment. Tant est évidente cette adjonction ! Nous ne sommes là pour rien ! Et Charlotte Delbo qui nous priait d'apprendre au moins une danse, un pas, n'allait pas au bout de sa découverte : nous, genre humain, ne sommes bon à rien ! Rien à faire pour justifier notre place d'homme. Rien d'autre que lâcher prise et accepter cette implacable nouvelle, tout ce que nous pourrons faire, accomplir, transformer pendant notre vie ne changera rien à cela : notre présence, sur cette Terre, est vaine. Rien que cela, vaine et inutile !

 

Alors pourquoi ne pas nous mettre une balle dans la tête tout de suite, me direz-vous ? Pourquoi ?! Simplement, parce qu'être utile, avoir un but, une place n'a de sens que dans la pensée humaine et que nous pouvons nous défaire de cette aberration ! Une fleur contemple ! Un arbre aussi ! Peut-être que simplement, il suffit de sortir de ce jeu malsain et de se mettre en présence de la beauté qui nous entoure. Savoir simplement profiter de cet accident, sans chercher à justifier l'injustifiable. C'est peine perdue ! C'est ridicule ! Et cela assure une souffrance permanente, un appel à la mort sourd qui nous entraîne vers le fond an après an.

 

Bien sûr, nous devons travailler, entretenir l'illusion dans laquelle l'homme s'est enfermé. Accepter de vivre dans l'enfer que nous avons créer de toute pièce. N'est-il pas fou d'imaginer que tout le système qui, aujourd'hui nous étouffe, pourrait être abandonné en une seconde et que tout, oui simplement cela : tout ! pourrait être totalement différent ? C'est pourtant le cas. Alors, au moins, au niveau psychologique, puisque c'est le mot que nous employons pour désigner ce qui nous atteint de l'intérieur, nous pouvons tenter de prendre la mesure de notre folie et ne plus nous investir personnellement dedans. Nous libérer, jour après jour, du temps, de la pensée, de cet incommensurable orgueil et se découvrir juste inutile et vain au milieu de cette immensité. Et ne plus faire qu'une chose, la seule que nous puissions réellement faire : Aimer! Simplement ça, aimer, puisque rien ne nous différencie les uns des autres et que dans tout un chacun, une griffe court et lacère les entrailles en rappelant à chaque instant que nous n'avons pas été invité ici, que nous sommes des resquilleurs, des menteurs, des erreurs.

 

Comment alors ne pas être ému, comment alors ne pas reconnaître même dans le pire des hommes, celui que nous sommes et contre lequel nous abîmons nos ans à lutter puérilement. 

24 janvier 2012

Démocratie !

 

Il ne faut jamais rien croire de nos héritages, de nos histoires, de nos mots. il faut comprendre qu'on nous balance comme nos parents avant nous dans un vaste mensonge forgé de toutes pièces par la main d'hommes et de femmes malades, déracinés, arrachés à eux-même! Ici rien n'est vrai et beaucoup a été fait pour que ce rien ressemble à l'enfer.

 

Un exemple et quel exemple... Démocratie : le pouvoir du peuple ! Beaucoup d'entre nous comme moi le premier pensent que cette dernière vit ses derniers jours en ce moment. Pour autant, nous n'avons jamais connu la démocratie. Puisque la démocratie, inventée par les Grecs, dans l'Antiquité n'a jamais ressemblé de près ou de loin au système que nous avons adopté en Europe après la Révolution. C'est un vaste mensonge !

 

La démocratie fonctionne comme cela : les représentants du peuple sont désignés par TIRAGE AU SORT !!! Et oui, vous rendez-vous compte. C'est aussi simple que ça ! Pas de pouvoir détenu par des familles, pas de mandat brigué et rebrigué, pas de frais de campagnes, pas de rêves de détenir ce pouvoir pour soi et les siens. Ici, le mot "Egalité" fait vraiment sens. Chacun, qu'il le souhaite ou non, qu'il soit adoré ou détesté, sage ou fou peut être élu, désigné. Une fois et une seule fois...

 

Notre système ressemble bien plus au système aristocratique... Nous sommes dans une Oligarchie. Et il aura fallu que j'attende presque trente huit ans pour le comprendre !

 

Je ferai donc cela... D'abord remplir le formulaire de "Tous Candidats pour 2012" créé par le grand Pierre Rabhi du collectif Colibris et désigner par les pages blanches celui qui me représentera.

 

Trente huit ans de mensonges... C'est long, non ?!

 

23 janvier 2012

Après...

"Kogarashi"

Ne pas arriver à garder l'esprit large! Être piégé par ces riens qui occupent. Préférer l'illusion au réel et ne pas savoir y prendre place. Pourquoi ? De quoi ai-je peur ? Que fuis-je ? Qui y a-t-il de mieux que de laisser le vert de la terre, le vert des arbres entrer là ?
Assumer le vide sans fin d'une vie simple et belle qui s'échappe à  l'instant. Prendre au corps ces instants avec ceux que l'on aime. Et laisser faire. Laisser se faire. Tout. Indifféremment !

Dans quelque accès de lucidité, je perçois les causes de la fuite. "Avec autre chose, je serai celui que je veux être et que je n'arrive pas à devenir." Il y a quelque chose de cet ordre là. Celui qu'on fuit, c'est soi ! Juste lui. Simplement parce qu'on a jamais appris cela. Se vivre vraiment, juste ça. Pas courir vers un but, non. Pas plus tard quand on sera grand. Pas après quand on aura réussi, non. Pas ailleurs, pas autrement. Juste là, maintenant. Juste là, dedans. Avez-vous déjà entendu le cri de chaque cellule de votre corps ? Avez-vous déjà fêté la naissance d'un contact de vous à vous, vous rendant compte que chaque fibre vous lie à la suivante et qu'avec un peu d'exercice, on découvre qu'on peut entendre tout et qu'on est lié à tout ?

Hier, me lavant les dents, j'ai senti mes pieds réagir ! Et par delà mes pieds, c'est le monde qui reçoit ce geste. Qui y a-t-il de plus merveilleux ? Et pourtant, ce matin, je me sens encore vide. Et chaque instant de même. Toujours quelque chose qui court au delà. Toujours une pensée qui ne m'appartient pas et qui dit : "c'est là-bas!" Et à chaque instant, il me faut faire le travail de revenir au rien, à la petitesse, à l'ennui, à l'inintérêt de cette petite créature que j'ai passé ma vie à ignorer. Seule chance de ne pas finir complètement dingue ! Seul espoir de faire taire la douleur. Seule indéniable rencontre possible. Ultime chance que nous avons peut-être mis mille vies à rendre accessible ! Ça ! Ce rien si simple, si évident !

01 janvier 2012

Voeux ! Vivre 2012...

Nohkan et  fourreau - Décembre 2011 - A. Ferran

Tout est vibration... matière vivante, inerte... tout ! Donc tout communique, se touche, se mêle. En cela, la beauté est bien au coeur. Peut-être, est-on en droit d'espérer qu'un jour cette symphonie qu'est la vie nous montrera combien chaque partition est importante et a sa place. Qui du tambour, qui du triangle ou du premier violon. Chacun, ici, est indispensable. Qu'on le veuille ou non...

Que 2012 nous éveille à nous-même, donc à l'autre, donc au tout ! Ainsi soit-il ! ;-)